22 juin 2005

fainéant

Le texte de la Constitution européenne a semblé vague à certains concernant la protection sociale. La raison en était simple les pays qui disposent d’un système performant, les Suédois par exemple, ne souhaitaient pas se voir imposer un modèle « au rabais comme les Français ». Ceci n’empêche pas nos ministres, anciens comme nouveaux, de le présenter comme trop onéreux et surprotecteur. En répétant à l’envi qu’il faut « travailler plus », ils sous entendent beaucoup de choses. Par exemple que les paresseux sont protégés. Ils ont raison de le dire car les Français adorent entendre ce genre de choses. C’est à la fois culpabilisant à souhait mais surtout à propos des autres : tous ces feignants parasites qu’on engraisse avec l’argent du contribuable ! D’ailleurs le Maréchal Pétain, nous l’avait déjà dit : il faut redonner à la France le goût du travail. Vive le Maréchal, vive Chirac, vive la France !

19 juin 2005

conformiste

Près de Londres, j’ai, patiemment, écouté nos apprentis exprimer leur vision de leur propre avenir : professionnel et personnel. Leurs envies, leurs dégoûts et leurs amours. Point d’idéologie, ni même de politique. Aucun désir de changer le monde si peu que ce soit. De désir de le parcourir : guère. Sauf en touriste. Aller travailler à l’étranger ? Très peu. On gagnera de l’argent, le plus possible, mais en France.
Une petite maison dans la prairie, ah oui ! Une compagne devenue épouse, deux enfants, un chien, la campagne. Une belle voiture devant la porte : on précisera toujours la marque et le modèle.
Je les ai trouvé inquiétants de conformisme.
Si loin de ma génération qui refusait autant la famille que le travail, qui voulait soit la révolution, soit la route. Et dans tout les cas en finir avec le vieux monde.
Mais à la réflexion, il y a ceux qui viennent de loin et qui ont remonté à la force du poignet les barreaux de l’échelle sociale. On comprendra qu’ils veulent se poser. Quant aux autres, on voudra bien considérer avec bienveillance, leur caractère profondément pacifique.
On souhaiterait juste un zeste d’amour de l’inconnu, un soupçon de parfum d’aventure.

09 juin 2005

élitiste

Me voici flatté d'avoir voté oui, il paraît que cela me range dans l'élite. Sociologisme simpliste qui voudrait que le "peuple" ait rejeté les élites qui le trompent. Cette fois la dichotomie proposée par J.M. Le Pen, relayé au passage par J.P. Raffarin, gros malin et malhabile démagogue, est reprise comme une évidence scientifique par les journalistes. Comme c'est commode, comme cela dispense de penser ! Car enfin ceux qui ont décidé que la légitimité de leur pouvoir n'était pas en cause, ne vont pas se comporter comme si le "non" n'existait qu'en tant qu'accident. Accident sans importance expliquable par les sciences humaines en fonction des bons vieux schémas éculés.

01 juin 2005

démocratique

En France,la démocratie est passée de mode sans grande protestation populaire. Nous sommes même très en avance sur nos voisins européens qui semblent restés attachés à ces vieilleries. Nous avons compris depuis longtemps que le pays devait être gouverné comme une entreprise, c’est-à-dire avec un chèque en blanc au dirigeant et sans avoir à rendre de comptes sauf aux actionnaires s’il y en a. Le peuple dans l’entreprise n’a pas à discuter ni même à exister en tant que peuple. De même dans l’ « entreprise France », Jacques Chirac, manager fatigué, décide, devient irresponsable face à la Loi, met son poids dans la balance à toute occasion et… ne tient aucun compte des résultats électoraux. Bafoué par le suffrage aux élections régionales, il n’en tire aucune conséquence. Pour le referendum sur la constitution européenne, il annonce avant le vote qu’il n’en tirera aucune conclusion ! A noter d’ailleurs que le « peuple » vote "non" systématiquement depuis 1981 sur l'air de "sortez les sortants". Dimanche il a refusé plus de politique et plus de démocratie en Europe. Pourquoi se gêner ! Entre-temps on n’a pas vu le président se soucier de la « représentation » populaire, même si elle lui est acquise. Les godillots non plus n’ont aucun intérêt. Hier, comble, il annonce qui sera premier ministre mais le fait uniquement à la télévision, et ne craint pas de préciser un nom de ministre imposé au premier ministre. Ce ministre d'ailleurs se trouve être le chef du parti dominant, situation impraticable aux dires de Jacques Chirac il y a peu. Où sont les institutions dans tout cela ? Nous avons perdu la démocratie depuis longtemps. Maintenant nous sommes en route pour le degré zéro de la vie politique.