13 janvier 2005

médiatisé

Nous avons entendu parlé de tremblement de terre en Chine ou ailleurs qui ont fait un million de morts : trois minutes au journal télévisé pendant une semaine et une collecte sans enthousiasme. Et puis voilà un « tsunami », terme de manuel de géographie dont les journalistes se gargarisent, qui tient aux actualités de jour en jour, revient sans cesse comme le flot et déclenche une « vague de générosité sans précédent » en Occident. On peut ne pas apprécier l’emploi du mot vague, cela fait humour noir… Pourquoi tout d’un coup serions-nous sensibles aux malheurs des autres ? Il y a sans doute à cela de nombreuses explications : l’enfer déferlant soudain en plein paradis (imaginaire) tropical, les morts occidentaux si nombreux sur des plages, donc en vacances, c'est-à-dire : innocents. Le symbole de la mer envahissante (avant tsunami, on disait raz de marée) peut aussi avoir joué comme une angoisse atavique, d’ordinaire c’est une fille de roi scélérate que les flots rejoignent et non des vacanciers… Mais avant tout je pense qu’il s’agit d’autre chose.
La vraie cause est à chercher dans un changement fondamental dans le traitement de l’information. Jusque là nous n’avions que les images professionnelles. Pour cet événement dramatique nous n’aurions donc du n’avoir aucune image : les journalistes ne veillent pas sur les plages pour attendre un raz de marée. La diffusion massive des moyens d’enregistrer et de mettre à disposition a permis de diffuser en boucle des images de terreur et de panique, gratuitement pour toutes les chaînes de télévision du monde. Voici à mon sens ce qui nous a secoué. Un flot d’images d’amateurs, pathétiques, répétitives, marquées par l’authenticité. Des images dont on sait qu’elles ont été prises par des gens comme nous qui, de plus, sont passé à deux doigts de la mort. Comme nous, car nous aurions pu y être, il eut suffit d’être sur la plage.
Cet événement médiatique préfigure des changements radicaux. Dès maintenant chacun filme et photographie uniquement à cause de la facilité technique. De nombreux sites internet mettent ces informations et d’autres à disposition de qui veut. Voilà où est le changement. Demain les rôles auront changé, chacun produira des informations sur son blog, voir son vlog vidéo. De même les pays pauvres comme les exclus de la fortune en Occident … pourront exprimer leur vision des choses. Ce sera la fin du totalitarisme de l’information. Les pays dit « en voie de développement » pourront témoigner à peu de frais de leur propre vision du monde sans souscrire à nos visions néo-colonialistes : le Brésil est représenté par les strings des plages et la misère des favelas. N’y aurait-il que cela dans ce pays ? Je pense qu’un jour prochain ceux que les médias instrumentalisent avec l’appui intéressé des décideurs de tous poils nous feront connaître leur manière de dire le monde et d’y survivre. De même chaque groupe particulier et même chaque individu pourront mettre en avant leur vision des choses.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

comme dirait Micheal Moore pourquoi ne pas parler au 20h de la polution qui envahie Los Angeles au lieu d'une course poursuite en voiture? parce que ça a aussi peu d'interet qu'un simple tremblement de terre! tant qu'il n'y a pas d'image pas d' action ca ne se vend pas!