24 janvier 2005

privé

Les Suédois sont les seuls Européens à refuser de baisser les impôts. Il semble qu'ils soient contents de l'usage qu'on en fait. La fonction publique comprend 4500 personnes dont 220 pour l'éducation nationale. Ce pays réputé pour son système de protection sociale n'a pas hésité à confier le service public au privé et à supprimer le statut de la fonction publique. Un enseignant doit négocier son salaire, il est licenciable et comme tous les salariés exerçant un mandat public, son efficacité est évaluée chaque année et rendue publique. Car les Suédois aiment savoir ce qu'on fait de leur argent. Ce n'est pas le paradis, il fait toujours très froid l'hier et les Suédois ne sont pas toujours très drôles. Mais on comprend bien que, contrairement à ce certains corporatistes braillaient encore dans la rue hier, service public ne doit pas se confondre avec fonction publique.

23 janvier 2005

progressiste

Celui qui aime le progrès est en général assez stupide pour s'opposer aux écologistes. Il devrait se limiter aux gadgets électroniques dans sa chambrette. Car on sait pourtant ce qu'il en est : le nucléaire produit des déchets quasi-éternels, de graves épidémies menacent l'humanité, la nature est saccagée, la terre se réchauffe... On nous l'a dit et répété. L'homme dans tous les cas est déclaré responsable.
Comment pourrait-on prétendre dans un accès de folie progressiste qu'on vit mieux aujourd'hui qu'autrefois ? Vive le chemin de fer à vapeur ! Vivent le poêle à charbon, la tuberculose et le choléra ! vive la grippe espagnole ! vive le passé ! Et tant que nous y sommes : comme disaient les Franquistes : vive la mort !

13 janvier 2005

médiatisé

Nous avons entendu parlé de tremblement de terre en Chine ou ailleurs qui ont fait un million de morts : trois minutes au journal télévisé pendant une semaine et une collecte sans enthousiasme. Et puis voilà un « tsunami », terme de manuel de géographie dont les journalistes se gargarisent, qui tient aux actualités de jour en jour, revient sans cesse comme le flot et déclenche une « vague de générosité sans précédent » en Occident. On peut ne pas apprécier l’emploi du mot vague, cela fait humour noir… Pourquoi tout d’un coup serions-nous sensibles aux malheurs des autres ? Il y a sans doute à cela de nombreuses explications : l’enfer déferlant soudain en plein paradis (imaginaire) tropical, les morts occidentaux si nombreux sur des plages, donc en vacances, c'est-à-dire : innocents. Le symbole de la mer envahissante (avant tsunami, on disait raz de marée) peut aussi avoir joué comme une angoisse atavique, d’ordinaire c’est une fille de roi scélérate que les flots rejoignent et non des vacanciers… Mais avant tout je pense qu’il s’agit d’autre chose.
La vraie cause est à chercher dans un changement fondamental dans le traitement de l’information. Jusque là nous n’avions que les images professionnelles. Pour cet événement dramatique nous n’aurions donc du n’avoir aucune image : les journalistes ne veillent pas sur les plages pour attendre un raz de marée. La diffusion massive des moyens d’enregistrer et de mettre à disposition a permis de diffuser en boucle des images de terreur et de panique, gratuitement pour toutes les chaînes de télévision du monde. Voici à mon sens ce qui nous a secoué. Un flot d’images d’amateurs, pathétiques, répétitives, marquées par l’authenticité. Des images dont on sait qu’elles ont été prises par des gens comme nous qui, de plus, sont passé à deux doigts de la mort. Comme nous, car nous aurions pu y être, il eut suffit d’être sur la plage.
Cet événement médiatique préfigure des changements radicaux. Dès maintenant chacun filme et photographie uniquement à cause de la facilité technique. De nombreux sites internet mettent ces informations et d’autres à disposition de qui veut. Voilà où est le changement. Demain les rôles auront changé, chacun produira des informations sur son blog, voir son vlog vidéo. De même les pays pauvres comme les exclus de la fortune en Occident … pourront exprimer leur vision des choses. Ce sera la fin du totalitarisme de l’information. Les pays dit « en voie de développement » pourront témoigner à peu de frais de leur propre vision du monde sans souscrire à nos visions néo-colonialistes : le Brésil est représenté par les strings des plages et la misère des favelas. N’y aurait-il que cela dans ce pays ? Je pense qu’un jour prochain ceux que les médias instrumentalisent avec l’appui intéressé des décideurs de tous poils nous feront connaître leur manière de dire le monde et d’y survivre. De même chaque groupe particulier et même chaque individu pourront mettre en avant leur vision des choses.

08 janvier 2005

capitaliste

Dans le monde entier, les hommes n'ont jamais eu dans l'histoire qu'une préoccupation commune : sortir de la maladie, du danger, de la misère, manger à sa faim. Là où les capitalistes ont fleuri depuis longtemps, on y est presque arrivé. Je ne commenterai pas la vacuité totale du résultat sur le moral des humains, c'est trop déprimant. Non je soulignerai que c'est dans le "presque" que réside le crime que tous les opposants au capitalisme lui reprochent. Il n'a pas réussi à assurer le bonheur de tous ! En sus on peut dénoncer : les horreurs de la consommation frénétique, l'impiété qu'il propage ... J'avancerai un regret de régimes qui ont tout de même fait mieux ,comme le socialisme "réel". Là nous avons rencontré l'égalité quasi parfaite : les famines organisées dans des régions autrefois prospères ont été générales.
Si l'on veut être sérieux, en dépit de sa cruauté, de son inégalité et de ses exclus, c'est le seul régime économique qui fonctionne à peu près et du coup, je pense que si l'on veut faire mieux, il faudra inventer le capitalisme libertaire.