02 octobre 2006

début d'un été sans fin

Je n’aspire pas aux longues traversées. Appareiller est une fin en soi qui, pour un peu me suffirait si j’étais plus sage. Anticiper dans sa tête chaque étape de la manœuvre qui permettra de quitter le ponton : réfléchir à chaque geste. Observer le vent et le courant. Décider de l’ordre dans lequel il faudra larguer les amarres, la dernière est cruciale, c’est celle qui reçoit le plus de force mal orientée, du vent ou pis du courant. Vérifier que rien ne traîne qui viendrait se prendre dans l’hélice. Etre certain qu’aucun bateau ne manœuvre au même moment. Quand tout est clair, choisir l’instant précis où larguer la dernière amarre. Donner de la barre exactement dans la direction nécessaire (se souvenir que tout déplacement est une résultante des forces en présence). Battre un grand coup en arrière. Le bateau s’éloigne doucement de sa place. Se souvenir du sens de rotation de l’hélice. Revenir au point mort. Mettre la barre à gauche. Remettre les gaz en arrière toute. Sentir le bateau virer oh, si lentement. Constater comme chaque fois que l’avant décrit un immense arc de cercle qui passe à raz du cul du voisin. Se retrouver presque immobile dans l’axe du chenal. Tenir fermement la barre. Pousser la commande des gaz en avant. Sentir la vibration du safran et entendre le moteur ronfler à 2500 tours/minute. Noter l’heure et la reporter sur le journal de bord. Je me sens alors très calme. C’est une sensation proche du bonheur dirait Perez Reverte. On fait route. Pendant quelques minutes le vent est dans l’axe du chenal et on en profite pour hisser la grand voile, c’est-à-dire : choquer la balancine, serrer la manille au point de drisse, vérifier les « lazy jacks », choquer l’écoute de grand voile, revérifier la direction apparente du vent, hisser en tournant la drisse sur le winch pour finir d’étarquer à la manivelle. Contrôler du regard l’allure de la grand voile. Il est temps de rentre les parrebattages. Encore quelques instants et l’on établira le génois avant de couper le moteur. Alors ce sera le royaume du vent et de la mer. On y va toujours sur la pointe des pieds. On ne peut pas y être « chez soi ». Mais on y est libre et tout le superflu est resté à terre. On est entré dans le monde réel.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

comme c'est joliment dit...

Anonyme a dit…

Je vois que vous vous éclatez sur votre bateau, j'ai à peu près rien compris, peut être 5 mots dans tout l'article, mais ce qui est compris, c'est que vous aimez ça, c'est ce qui compte !!
sympa de vous lire à nouveau... ;o)