18 avril 2007

les morts ne coûtent rien

Dimanche soir, nous regardâmes en famille le beau film de Marc Rothemund : Sophie Scholl, les derniers jours. On sait que cette jeune étudiante fut décapitée, ainsi que son frère et d'autres pour avoir en 1943 jeté des tracs appelant à cesser la guerre dans les locaux de l'université de Munich. Le hasard fait que le mercredi précédent, Arte avait programmé un reportage sur un diplomate allemand : Fritz Kolbe qui durant toute la guerre fournit des renseignements remarquables aux Alliés. Informations concernant les mouvements de troupes aussi bien que les camps d'extermination. Sophie Scholl est considérée comme la figure même de la résistance aux Nazis par les Allemands. Fritz Kolbe n'a jamais été mentionné comme résistant et ne fut même pas réintégré dans ses fonctions car il reste un traître. A ma connaissance seul Joschka Fischer a exprimé un avis contraire.
On comprend bien que pour les Allemands d'après guerre, Sophie Scholl soit exemplaire : si l'on courrait le risque d'être décapité pour avoir seulement distribué des tracts, on comprend qu'il y ait eu si peu de résistants ! Fritz Kolbe est tout le contraire : son existence démontre que n'importe quel fonctionnaire pouvait désobéir, refuser la monstruosité nazie et survivre. On préféra donc réintégrer aux Affaires Étrangères d'excellents fonctionnaires nazis !
Hier, on commémorait la Shoah en Israël. J'apprends à cette occasion (journal Le Monde daté d'aujourd'hui) que parmi les 240 000 rescapés, 70% ne perçoivent aucune pension pour leur déportation et que le tiers d'entre eux sont sous le seuil de pauvreté.
Vous voyez où je veux en venir, les morts sont utiles et ne coûtent rien. Si vous survivez vous êtes, pour l'Etat inutiles, et même parfois dangereux.

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