12 mai 2007

adresse à ceux qui ont en charge l'éducation de nos enfants

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Résumons ce que j’ai esquissé ici depuis longtemps. Par une alchimie étrange, un Français de gauche se sentira plus proche d’un démocrate américain que d’un républicain. L’inverse s’il est de droite. Ils ignorent que le républicain risque de trouver l’UMP bien à gauche et le démocrate, l’homme de gauche français, cryptocommuniste. Car il ne s’agit que d’appellations de façade qui en général dispensent de penser. J’ai proposé de nommer « droite » qui a le pouvoir et « gauche » qui est dans l’opposition. En songeant au sens des mots, on sait que le pouvoir est « adroit » et que l’opposition est « gauche », c’est-à-dire « maladroite ». L’objectif des partis politiques est de prendre le pouvoir. Devenir en quelque sorte aussi « adroit » que les autres. A cause de cette croyance naïve qui veut que l’on mette mieux en œuvre ses idées, si l’on en a, quand on est au pouvoir. Mais les sociétés humaines ne fonctionnent pas ainsi. Et comme le disait le slogan sud-américain de ma jeunesse : « le peuple uni ne sera jamais vaincu ». En d’autres termes si le peuple, source de la vraie souveraineté, ne veut pas de quelque chose que les gens « adroits » ont conçus, il gagne. Pensez à la chute du mur de Berlin. C’est que non seulement le pouvoir corrompt, mais que comme disait Louise Michel, il est maudit. C’est le prix à payer de l’adresse à le conquérir : vous l’avez, vous êtes aux anges et pourtant vous êtes maudit. Il n’y a pas contrairement à ce qu’écrivit Cannac de « juste pouvoir » (mais il peut être exercé par des hommes justes, jusqu’à un certain point…). C’est ce que nous montre Shakespeare, le pouvoir peut-être moins sanguinaire parfois mais pas différent dans sa malédiction. Il engendre l’envie, la défiance, la trahison et la paranoïa. Pouvoir minuscule, obscur, dans la famille ou le travail, comme pouvoir délirant et visible de l’argent, de la politique. Il est, avouons-le, plus facile d’être honnête et « irréprochable » dans l’opposition. Il y est même facile d’y donner des leçons de morale.
En revanche, l’opposition est indispensable. La seule sagesse dont on finit par faire preuve les hommes dans l’histoire, c’est d’inventer des contre-pouvoirs institutionnalisés. Regardez autour de vous, dans l’entreprise, la République ou l’Europe.
Pour que l’opposition au pouvoir fonctionne, il faut des citoyens responsables et dotés d’esprit critique dans un cadre démocratique, c’est-à-dire où le « respect » et l’obéissance à « l’autorité » ne sont pas la règle mais l’exception volontaire. Ensuite il y faut une bonne éducation, car je pense qu’il faut plusieurs siècles pour faire de sujets, des citoyens. Je connais assez les Suisses pour penser que c’est assez réussi avec une dose légèrement insuffisante d’esprit critique. En France nous avons beaucoup de chemin à faire. Quand j’étais consultant en management, un collègue hollandais, Geert Hofstede, avait démontré par enquête que les Français travaillent pour faire plaisir à leur chef. Pis encore, je crois que beaucoup de Français, comme d’autres, préfèrent admirer un chef que de penser par eux-mêmes. Même s’ils sont capables de le jeter plutôt que de mourir pour lui, ce qui n’est pas si mal. Voilà pourquoi si nous souhaitons qu’un jour ce pays avance sur l’échelle darwinienne des institutions, il y faudra beaucoup d’énergie et de persévérance des professeurs des écoles pour laisser les enfants devenir des citoyens adultes capables de se révolter.

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