14 novembre 2004

soixante-huitard

Le suffixe « ard » est péjoratif mais il a l’avantage d’introduire « attardé ». Effectivement je regrette que nous n’ayons pas été assez modernes, empêtrés dans les vieilles lunes : Marx, Lénine, Trotski, Mao… et le culte de la barricade révolutionnaire, l’amour de nos pères et de la Résistance. Cela nous a un peu lesté de plomb. Mais pour le reste nous avons fait du bon travail: nous avons libéré (ou permis de libérer) l’amour du mariage obligatoire, de l’avortement clandestin (que Foyer, ministre, considérait comme le châtiment du plaisir), du viol impuni devant les tribunaux et de la chasse aux pédés. Nous avons permis aux salariés de se sentir fier une dernière fois dans l’histoire ( ?) avec le smig, les augmentations de salaire et le droit syndical. Nous avons libéré les enfants du pouvoir absolu des enseignants et des parents et introduit la mixité dans les écoles. Nous nous sommes battus (sans violence ou presque) contre l’obligation sinistre de croire que le monde est une vallée de larmes. Nous avons milité pour le droit imprescriptible au bonheur. Seuls les plus réactionnaires sont encore capables de contester cet héritage. Mais ils le font, et tous ne sont pas intégristes. Ecoutons un moderne, cité par Le Monde du 9 novembre 2004 : « Il faudra tourner le dos à toutes ces années où les valeurs ont perdu leur sens, où il n’y avait que des droits et jamais de devoir, où personne ne respectait plus personne, où il était interdit d’interdire ». Il s’agit de Nicolas Sarkozy. Ecoutons l’ex-ministre Ferry cité dans le même article de Laurent Greilsamer : « l’individualisme (…) a précipité l’école dans la crise, en valorisant l’innovation au détriment de la tradition, l’authenticité aux dépens du mérite, le divertissement contre le travail, et la liberté illimitée en lieu et place de la liberté réglée par la loi. » Attention, la bête immonde hérisse son poil.

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