05 décembre 2004

désordonné

Parfois le désordre du monde se retire comme la mer de la plage. L'ordre apparaît ; on découvre une relation que l'on peut comprendre : une affaire satisfaisante pour l'esprit et le cœur. Car l'ordre suppose une idée générale qui miraculeusement vous fait une sorte de tout de choses ordonnées. Rien n'est plus reposant pour la pensée. C'est le repos de l'inconstant voyageur. Mais rien n'est plus choquant pour l'esprit.
Même si les lois de l'univers semble à première vue s'écrire en langue mathématicienne comme si l'ordre de notre cerveau avait un pendant dans l'ordre des choses naturelles, seul le désordre est digne d'intérêt. Lui seul est facteur de mouvement. Le désordre n'est pas le chaos, c'est la respiration du monde.
En société, les esprits politiques, soucieux de préserver leur propre servitude, professent volontiers que l'absence d'autorité entraîne un désordre par essence néfaste. Ils ne semblent jamais se demander ce que produit l'autorité : une autre forme de désordre, sans doute, dont les choix ne sont que des renonciations à d'autres possibilités. Toujours la nature crée d'autres voies, d'autres pistes, un maximum de détails et de diverticules : qui dessinerait un arbre dans son entier ne suivrait pas son évolution pourtant apparemment si lente. Alors nous simplifions. Un peu moins de diversité, un peu plus de schémas, donc d'abstractions plus faciles à comprendre. L'autorité pour cela est d'une grande aide, elle dira quelles formes d'organisation méritent de vivre, qu'est-ce qui est autorisé. Elle tranche dans le multiple. Ce désordre-là est infécond. Il a le goût du néant.

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