13 décembre 2006

Sartre et Aron

Vu ces deux derniers soirs avec une certaine émotion le film de Goretta consacré à Sartre et Beauvoir. Je me suis souvenu très vite de cette phrase de notre jeunesse, d’ailleurs répétée dans le scénario : « il faut mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron ». Comment pouvions-nous être aussi cons ? Pas pour donner raison à Aron mais pour émettre une telle sottise au plan de la logique. Car enfin Aron avait raison certes de dénoncer l’engrenage infernal et mortel des révolutions, mais Sartre n’avait pas tort de refuser l’acceptation de l’ordre établi. Les révolutions dévorent leurs enfants et conduisent à la dictature, l’ordre établi exige au final la soumission aveugle au pouvoir et l’abandon de notre liberté. Mais je ne reprocherai rien à personne, il m’a fallu quarante ans pour comprendre que la solution était ailleurs. Dans la désobéissance civile et pacifique prônée par Thoreau et d’autres. Nous l’avons bien vu lors de la chute du Mur comme dans d’autres exemples plus anciens, si le peuple, en masse, dit simplement : non, nous ne voulons pas de ça, le pouvoir ne peut plus rien. J'en tire la conclusion pratique qu'il ne nous reste qu'à nous opposer systématiquement à toute forme de manifestation du pouvoir, à chaque instant.

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