03 avril 2005

arboricole

Notre jardin était jusque là séparé des immeubles voisins par un rideau d’arbres. Ce n’était pas des arbres de valeur, de simples érables champêtres âgés d’une trentaine d’années. Toute une vie s’était organisée en fonction d’eux : les merles, les tourterelles turques, les mésanges, les rouge gorge s’y rassasiaient d’insectes.
Ces arbres étaient plantés à dix centimètres de notre culture, si quelqu’un eut du provoquer des problèmes de voisinage, c’était bien moi. Mais loin de moi cette idée, grâce à eux, les locataires de l’immeuble, comme nous, disposions d’un privilège rare si près de Paris : avoir des arbres devant ses fenêtres.
Mais nous ne les verrons plus sous la neige de l’hiver, ni dans la rosée vaporeuse des matins d’été. Le samedi 19 février sous la neige, quelques individus entamèrent une première taille radicale. Ils me dirent agir pour le compte du propriétaire de l’immeuble. Je les ai convaincu de rentrer au chaud et de ne pas abattre des arbres en catimini, sans autorisation. Mais le 2 avril, à nouveau un samedi notez-le, ils sont revenus et cette fois nous n’étions pas là. Les érables ont été liquidés. Pour aller plus vite, les sbires n’ont pas hésités à monter sans demander la permission sur notre terrasse, j’en ai la preuve, des photos ont été prises. Le véritable assassin, le commanditaire, n’a pas pointé son nez, il parait qu’il préfère le béton et le goudron. Les oiseaux sont partis. Nous contemplons le vide.

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