19 mars 2006

lendemain de manif

Hier j'étais dans une tête de manifestation silencieuse, comme un soutien aux jeunes qui venaient derrière mais dépourvu de tout commentaire.
Vendredi dernier, fin d’après-midi. En voiture, j’écoute France Culture, voici l’ineffable Albert Jacquard. Il est en train d’expliquer que les libéraux ont tort, ce qui doit lui arriver souvent. Car, dit-il le marché n’a pas de mémoire, il ne s’intéresse qu’au présent et ne connaît pas l’avenir. Entendre que le marché ne saurait s'intéresser aux problèmes de nos petits enfants, etc... Obnubilé qu'il est, le bougre, par le profit immédiat. Je ne connais pas l’avenir et Jacquard non plus. Je devine qu’il veut dire ainsi qu’un avenir radieux ne saurait être qu’une œuvre collective réfléchie et construite politiquement. Mais lisons (pour une fois) le texte de Smith.
It is not from the benevolence of the butcher, the brewer or the baker that we expect our dinner, but from their regard to their own self-interest... [Every individual] intends only his own security, only his own gain. And he is in this led by an invisible hand to promote an end which was no part of his intention. By pursuing his own interest, he frequently promotes that of society more effectually than when he really intends to promote it”.
C’est bien ce que dit Smith, c’est parce qu’il ne s’intéresse qu’à ses affaires et à rien d’autres que l’individu produit un résultat qui peut-être bénéfique pour tous quand personne ne lui gonfle la tête d’idéologie vertueuse. En vérité l'avenir n'est que la résultante de décisions qui semblent aléatoires. La critique de Jacquard tombe comme une loque,seuls les esprits totalitaires pensent vraiment qu'ils peuvent forcer le destin ; ce qui ne signifie pas que les Libéraux aient raison. Notons tout de même que la sagesse populaire se méfie à juste titre des bonnes intentions dont on justifie les pires crimes. Karl Popper a démontré, il y a bien longtemps, que les buts énoncés ne peuvent être atteints. Dramatique. Dur pour les politiciens, surtout ceux, par exemple, qui promettent la bonne décision pour venir à bout du chômage et sont tout surpris de recueillir un effet pervers (adventice dirait Popper). Et pourtant ils continuent. Je gage que M. de Villepin, si son dispositif lui survit, sera surpris que les embauches de jeunes n'augmententent pas mais que celui qui a plus de vingt six ans ou qui n'a pas six mois de chômage derrière lui n'a plus aucune chance. Quant à Albert Jacquard, ce qu'il lui manque, c'est que ses amis ne soient pas au pouvoir pour lui permettre de vérifier qu'Adam Smith est certes critiquable, mais exempt, lui, de toute pensée totalitaire même inconsciente.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Br, je galére pour vous écrire, pas tres facile d'usage et je suis peu doué sans doute ?!
Bref, je suis tres interessé pour en savoir plus sur l'origine de ces 3 mots "gradus ad parnasum". J'en percois le sens
je travaille sur un projet artistique et musicale et souhaite developper cette idée.
J'espere que vous recevrez ce message et que vous m'éclairerez sur ce point .
Nous pourrions correspondre par mail si vs voulez bien:
patrick.guillin@wanadoo.fr
Bien cordialement
Patrick

Richard Lick a dit…

Au XVII° siècle on utilisait cette expression pour désigner les manuels de composition littéraire, le Parnasse est le séjour des Muses. Par extension les termes sont devenus synonymes de manuel ou méthode. Le gradus ad parnassum de Johann Fux, traité de composition musicale fut l’un des ouvrages les plus célèbres du XVIII° siècle, écrit en latin, il connut une diffusion dans toute l’Europe. C’est à lui sans aucun doute que fait référence le « Docteur Gradus ad Parnassum » de Debussy. Comme titre de ce blog, il s’agit plutôt d’une allusion aux essais d’écriture.