03 mars 2006

Soixantième

J’ai soixante ans. Lors de mon cinquantième anniversaire, j’avais l’impression fallacieuse d’être à la moitié de ma vie. Cette fois c’est plutôt du genre compte à rebours. Cela pousse aux bilans. Etonnant à quel point je me suis plié aux injonctions reçues dans mon jeune âge. A vrai dire toute sauf une. Par exemple : après 42 ans de conduite automobile, je n’ai toujours pas eu de contravention même pour stationnement illicite. Je ne me souviens pas d’avoir volé ou escroqué qui que ce soit. Je n’ai menti (rarement) que par souci du bien ou de ne pas blesser. On m’a fait remarquer que mon comportement très légaliste semblait contradictoire avec l’affichage de mes idées libertaires. Mais je n’ai honoré que les principes qui permettent de vivre en société. Si l’on veut ruiner le pouvoir, celui de l’Etat, comme celui de l’Eglise, de l’armée ou tout simplement des « chefs » de tout poil, et vivre au milieu des humains, il est nécessaire de respecter les règles qui rendent possible la vie collective. C’est pour cette raison que je me suis refusé systématiquement à la « vertu d’obéissance ». Pourtant dans mon enfance elle dominait tout : les enfants étaient « dressés » (on parlait ainsi) à obéir. Les parents, l’école laïque comme le catéchisme ressassaient cette obligation sans relâche. Je reste convaincu qu’elle est à l’origine de presque tous nos maux, notamment les plus atroces du vingtième siècle. Il faut refuser d’obéir.

Aucun commentaire: